"Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée" - H. James
Avec la rentrée, avec plusieurs articles parus simultanément sur les blogs que je lis régulièrement, voilà le retour de mes interrogations… Comment faire pour vivre ses rêves, comment faire pour tout concilier : ses études, ses amis, soi-même, Il… On a tendance à se laisser porter par les courant des autres, le courant de la routine, le courant de la médiocrité… mais ça, moi, je n’en veux pas ! Je l’avais un peu oublié ces derniers temps, mais là tout revient… Comment être heureuse, comment s’épanouir, comment avoir le courage de vivre ses rêves, alors que l’avenir semble tout tracé…
Mon vie actuelle et mon avenir tracé, beaucoup l’envient. Ce n’est pas de la vantardise, c’est la réalité… Bientôt interne, puis médecin, une histoire d’amour stable, et des amis sur qui je peux compter… La perspective d’un cabinet à moins de 30 ans, avec les revenus qui vont avec. Il me reste le concours de l’internat, mais bon, « en médecine, c’est la première année qui est dure, après c’est tellement facile »… Les gens savent toujours tellement mieux. « Et puis médecin, c’est cool, c’est relax, tu pourras fermer ton cabinet certains jours, t’occuper de tes enfants »… « en plus tu seras bien payée ! »
Ça me donne envie de hurler, ou de me défenestrer. Au choix. Enfin bon, plutôt la solution 1 quand même ^^
Bref, cet avenir tout tracé qui fait rêver les autres, moi, il me panique.
Pire.
Il me révulse.
Moi, je ne veux pas ça… J’en ai marre de m’entendre dire sans cesse « tu t’en es toujours sortie », « tu vas être bien classée à l’internat, t’en fais pas ! ». Ca ne tombe pas du ciel… Ce que les gens ne voient pas, ce sont les sacrifices qu’il y a derrière tout ça. Les soirées passées en cours jusqu’à 23H, dans une prépa à internat. Les après-midis sacrifiées. Les sorties refusées. La force de caractère qu’il faut avoir pour ne pas se laisser couler, et que certains jours, je n’ai pas.
Je ne veux pas être interne et trimer comme une folle au détriment de ma vie personnelle. Je ne veux pas sacrifier ma jeunesse à la médecine, elle n’en vaut pas la peine, ou alors elle ne me passionne pas assez. Plus assez, devrais-je dire.
La médecine n´est jamais satisfaite. On lui donne la main, elle prendra le bras. Parce qu´on peut toujours faire plus. On peut toujours voir un patient de plus. On peut toujours rester une heure de plus à l´hôpital, même si cela fait 3 heures qu´on dit ca. On peut toujours approfondir un point. On peut toujours aller plus loin.
Mais après, on ne vit plus.
Je refuse de passer 48H d’affilée à l’hôpital, je refuse de faire comme cette interne, rencontrée en garde… Normalement, les internes ont droit au repos compensateur, c’est-à-dire qu’après une nuit de garde (soit 24H non-stop à l’hôpital), ils sont OBLIGES de rentrer chez eux, et ne doivent en aucun cas rester à l’hôpital pour travailler la journée suivante. Je rappelle qu’une nuit de garde, c’est une nuit sans sommeil le plus souvent… Mais dans le service de cette interne, le chef de service a décrété qu’il n’était pas possible de faire ainsi. Manque de personnel, paraît-il. Et donc, cette jeune femme devait aller travailler le lendemain de ses gardes… sauf qu’on lui interdisait de prescrire sous son nom, puisqu’elle n’avait pas le droit de se trouver à l’hôpital ce jour-là ! du coup, elle prescrivait sous le nom d’une de ses co-internes… et vice-versa.
C’est de la folie douce. Que se passe-t-il si elle fait une erreur ? C’est la co-interne qui prend, et réciproquement. Que se passe-t-il si elle a un accident du travail ce matin-là ? Soyez sûrs que son chef de service s’en lavera les mains…
Je ne veux pas que mon histoire d’amour ressemble à un long fleuve tranquille. J’ai besoin d’exaltation, de frissons, de grandiose et de papillons dans le ventre.
J’ai envie d’émotions…
Envie de vivre. De voyager. De lire. De m’évader.
Envie de quitter cette prison dorée.
C’est pour ça que je me bats. Pour ne pas que tout cela ne reste qu’un rêve, qu’on caresse en secret les soirs de pluie…
Pourquoi ? Parce que l’on n’a qu’une vie. Parce que j’ai appris depuis longtemps déjà que la mort est capricieuse, et qu’elle peut survenir au moment où l’on s’y attend le moins… Je me sens prise dans l’urgence de vivre aujourd’hui, car demain me semble loin…
Pour ne rien regretter.
Pour ne pas devenir une morte-vivante.